« J’étais salarié dans la lunette quand j’ai décidé de monter ma propre entreprise. Il y avait tellement de travail à l’époque… Les patrons aidaient leurs salariés à se lancer ! J’ai commencé dans mon garage, en 1985. Depuis, nous avons déménagé trois fois. Je l’ai toujours dit : soit on modernise, soit on est mort. »

Edmond Maitre, fondateur d’Optisun, a peu à peu abandonné les rênes de sa société à son fils Olivier. Mais ne manque pas de passer régulièrement à l’usine de la rue Michelet pour constater que son bébé est entre de bonnes mains. Transmission familiale et exigence définissent cette société.

« Face à la concurrence asiatique, nous revendiquons le 100 % made in France », se félicite Edmond Maitre.

150 000 paires produites en 2015

Le haut de gamme, aussi, avec de prestigieux clients, comme Anne et Valentin, marque spécialisée dans la lunette de luxe (environ 300 euros en magasin) qui s’apprête à ouvrir une boutique à New York. Ici, tout est fabriqué sur place, du traitement de l’acétate, la matière première utilisée pour les montures, à la finition.

« Et nos machines sont “maison’’ conçues par nos soins », précise Rodolphe Nail, le responsable de la production. De quinze personnes en 2009 « quand tout allait mal chez tout le monde », précise Rodolphe Nail, l’entreprise compte aujourd’hui soixante salariés et dispose des infrastructures nécessaires pour faire grimper considérablement la production : 150 000 paires sont sorties des ateliers en 2015. Pour un chiffre d’affaires en hausse de 4 millions d’euros.

Mais à l’expansion hasardeuse, Optisun oppose la raison :

« Nous sommes sur du très technique, avec des clients exigeants. Nous voulons donc garantir la qualité, sans répondre à toutes les sollicitations, sous peine de nous mettre en danger », conclut Rodolphe Nail.

De quoi expliquer la longévité d’Optisun, là où d’autres ont coulé. « Il y a trente ans, nous devions être plus de quatre-vingts opticiens. Il en reste une dizaine, précise Edmond Maitre. Ceux qui ont anticipé. »

Tant il est vrai que dans cette branche plus qu’ailleurs, il est bon d’y voir clair.

Matthieu Lambert matthieu.lambert@leprogres.fr